1990 — Contexte (typo)graphique

Beowolf de LettError

Erik van Blokland et Just van Rossum créent la fonderie numérique LettError

«C’est en ces termes que les créateurs du Beowolf, Erik van Blokland et Just van Rossum, expliquent leur démarche :
“Au fil de notre expérience avec les méthodes traditionnelles de composition, nous en sommes arrivés à attendre des formes typographiques d’un caractère qu’elles aient toujours la même apparence. Cette notion est le résultat d’un processus technique, et non l’inverse. Pourtant, il n’y a pas de raison technique pour qu’une lettre numérique soit identique à chaque impression. Il est possible de calculer chaque point et chaque courbe différemment à chaque fois que la lettre est générée en déplaçant sensiblement les points qui définissent le signe dans différentes direction ‘aléatoires’. Nous avons découvert qu’il est possible de créer une fonte présentant ces caractéristiques en PostScript ; le résultat, ce fut le Beowolf, la première ‘fonte aléatoire’ (à vrai dire, Knuth y est parvenu le premier, mais il l’a bien pris.) Originellement, le Beowolf avait été baptisé le Times New Random.
La technologie aléatoire, ainsi que nous appelons la programmation qui est en jeu ici, consiste à laisser le traceur matriciel se comporter de façon aléatoire dans les limites de la lisibilité. Au lieu de créer un contour fixe ou une fonte bitmap, la fonte aléatoire redéfinit ses contours à chaque fois que nous les invoquons. Ainsi, chaque signe sera différent à chaque fois qu’il sera imprimé. Tous les points qui définissent le contour d’un signe seront gentiment poussés dans une direction aléatoire. L’ampleur du déplacement dépend des paramètres. Par exemple, Beowolf 21 comporte une petite déviation, Beowolf 22 a une ride prononcée et Beowolf 23 est complètement fou”.(traduction de l’auteur)
La référence aux trois instances Beowolf 21, 22 et 23 n’est pas anodine car, comme le souligne Paul Shaw au moment de sa publication chez FontShop sous le label FontFont, le Beowolf n’est pas commercialisé sous la forme d’une fonte aléatoire mais sous la forme de trois fontes: le Beowolf 21, le Beowolf 22 et le Beowolf 23, auxquelles se sont ajoutées le Beowolf 20 et le Beowolf24.»

Extrait du chapitre 6 (auteur Frank Adebiaye) de Histoire de l’écriture typographique
Le XXe siècle : Tome 2 : de 1950 à 2000, p 156-7.

Frank Adebiaye

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