Ladislas Mandel
Création du caractère Galfra destiné aux annuaires téléphoniques italiens

Tout d’abord, à l’instar d’un Matthew Carter mais sans passer par une étape de type Bitstream, on trouve des créateurs de caractères chevronnés, rompus aux environnements technologiques passés, singulièrement à la photocomposition.
Ainsi de Ladislas Mandel, déjà à pied d’œuvre pour la mise au point de l’Univers de Frutiger, s’empare peu à peu de la question technologique en y imprimant toujours son geste graphique. Comme pour M. Carter avec le Bell Centenial, Ladislas Mandel signe son premier coup d’éclat avec le Galfra, un caractère pour les annuaires téléphoniques, qui plus est avec des déclinaisons nationales, ce qui fait écho à la question sensible de la nationalité des caractères typographiques, question âprement et maintes fois débattue aux Rencontres de Lure, dans les années 1960 notamment, jamais totalement exploitée, jamais totalement écartée pour ce qui a trait à la commercialisation des fontes et de l’approche d’un marché typographique. Mandel lui-même, même s’il s’est fait par ailleurs le chantre d’une typographie latine, ne se défend d’ailleurs pas ici d’une approche nationale mais d’une approche culturelle en s’appuyant sur l’étude des habitudes et des contextes de lecture dans les différents pays ou aires culturelles. Il y aura ainsi le Galfra (1975), un Galfra belge (1981), le Clottes pour la France (1985-1986), le Lusitania pour le Portugal (1986-1987), le Nordica pour l’Europe du Nord (1987-1988); vers 1975, il dessinera Sofia et Arabica et bien plus tard le Colorado pour les États-Unis (1995-1998), en collaboration avec Richard Southall.
Mandel conçoit par ailleurs le Lettar pour le Minitel (1982-1983) et, suite à une commande du ministère de la Culture, le Messidor (1985) pour l’édition des œuvres complètes de Victor Hugo par l’Imprimerie nationale à l’occasion du centenaire de sa mort.
Signalons que Ladislas Mandel, en plus de son travail de dessinateur, a eu un rôle prépondérant dans des instances typographiques nationales au sein des Rencontres de Lure, de l’ANRT, etc., qu’il a participé activement à divers enseignements et qu’il est l’auteur de deux livres, Du pouvoir de l’écriture et Écritures, miroir des hommes et des sociétés. Il a fait don de sa bibliothèque et de ses archives à la BNF (site Arsenal) et au Musée de l’imprimerie et de la communication graphique (Lyon).
Extrait du chapitre 6 (auteur Frank Adebiaye) de Histoire de l’écriture typographique
Le XXe siècle : Tome 2 : de 1950 à 2000, p 158-9.
Pour continuer la lecture à propos du travail de Ladislas Mandel, un article sur le site d’indexgrafik
Frank Adebiaye